Aux côtés des cuirs traditionnels évoluent les peaux exotiques. Souvent estampillées « luxe », elles proviennent de trois grandes espèces animales : les reptiles, les poissons et les autruches. Dans le cadre de la protection des espèces sauvages, leur commerce obéit à une réglementation dictée par la Cites*.
Les cuirs exotiques
Les reptiles, ces crocodiles, serpents et autres lézards
Le « croco », star du luxe, concerne principalement deux reptiles.
Le crocodile marin (ou crocodylus porosus) est répandu en Asie et au Nord de l’Australie.
Le crocodile du Nil (ou crocodylus niloticus) est plus familier du sud du continent africain.
Leur viande est consommée localement et leurs peaux récupérées par l’industrie du cuir.
La forme et la taille de leurs écailles, tout comme les plaques cornées situées le long de l’arête dorsale, permettent de les distinguer.
La zone ventrale des crocodiles est privilégiée pour le cuir.
Plus lisse, elle convient à la fabrication de chaussure, d’articles de maroquinerie ou d’horlogerie.
Les étapes de transformation (lien) des peaux exotiques en cuir suivent, dans les grandes lignes, celles retenues pour les peaux de mammifères.
A retenir!
Seuls 6% des peaux de crocodiles, alligator et caïman transformées en cuir sont issus de la chasse réglementée dans les pays d’origine.
Le reste provient de fermes contrôlées par des standards internationaux qui encadrent les bonnes pratiques d’élevage. Pour les crocodiliens, il s’agit de l’Icfa (International crocodilien famers association). Pour les serpents et les lézards: la Sarca (Southeast asian reptile conservation alliance) Et pour les autruches : la Saobc (South African Ostrich business Chamber).
D’autres reptiles se posent en favoris de la Filière cuir : l’alligator du Mississipi, le caïman et les lézards, qu’il soient de Java, d’Inde, d’Amérique du Sud ou encore d’Afrique.
Le cuir de lézard, au grain unique et régulier, se destine à l’horlogerie et aux petits articles de maroquinerie.
Le cuir de serpent est réputé pour sa finesse, son élasticité et sa pigmentation naturelle.
Il provient des grandes bêtes rampantes. Qu’elles soient terrestres, comme les boas, les anacondas et les pythons, ou aquatiques, tel le karung. Certaines peaux de python peuvent atteindre 7,5 mètres de long et 65 cm de large.
Le cuir d’autruche et son petit grain de fantaisie
Le cuir d’autruche est facilement identifiable avec sa surface en « plumetis »
Appelés nodules ou perles, ces grains réguliers signent l’emplacement des plumes.
Répandu en Afrique du Sud, cet oiseau coureur se plait aussi en France. Le pays compte une cinquantaine de fermes d’autruches élevées pour la viande, les plumes et la peau transformée en cuir pour l’horlogerie et la petite maroquinerie.
Oiseau ou Croco ?
La peau des (larges) pattes d’autruche s’utilise en petite maroquinerie et en chaussure. Sa surface en écailles ressemble à celle de certains crocodiles ou lézards.
Le cuir de poisson trace son sillon
Le cuir de galuchat, au grain « caviar », est utilisé depuis longtemps pour le mobilier, les bracelets de montre, les gaines de stylo et la petite maroquinerie. Les peaux de saumon, d’esturgeon, de perche, de truite et autre silure (poisson-chat) sont, elles aussi, upcyclées pour le cuir.
Le saviez-vous ?
Le galuchat n’est pas un poisson! Le cuir de Galuchat provient des peaux de requins (roussette) et de raies très rugueuses. Jean-Claude Galluchat a été le premier artisan à le travailler. Il lui a laissé son nom, avec un « l » en moins !
Le cuir de poisson s’avère très solide. Sa résistance serait liée à la structure dermique singulière de ces vertébrés aquatiques. Les secteurs de la maroquinerie et de l’horlogerie en sont adeptes.
De nouvelles tanneries spécialisées font leur apparition en France : Ictyos, Femer, Lohi… Elles transforment les plus belles peaux de poissons issues de la filière agro-alimentaire française en cuirs rares grâce à des procédés de tannage végétal spécifiques.
*La Cites, sentinelle du cuir exotique
Elevage, chasse, quantités d’individus… La CITES a la filière du cuir exotique à l’oeil. Cette Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction veille à la conservation de la biodiversité et au développement des espèces sauvages.
Aussi appelée Convention de Washington, elle définit des quotas de prélèvement dans la nature. Qu’il s’agisse d’animaux (tels les pythons et les lézards) ou d’oeufs (de crocodiles par exemple). Elle impose parfois une réintroduction des bêtes dans la nature après un temps d’élevage. Et participe à maintenir, voire augmenter, la population sauvage.